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Meubles en mycélium : le biomatériau qui révolutionne l’éco‑design

Introduction

Le mycélium, structure filamenteuse qui forme la partie souterraine des champignons, s’impose de plus en plus comme un matériau d’avenir. L’idée de fabriquer des meubles à partir de ces filaments peut sembler sortie tout droit d’une histoire de science-fiction. Pourtant, les meubles en mycélium sont bel et bien une réalité. Ils suscitent un vif intérêt dans les milieux de l’éco-design, de la recherche en matériaux innovants et chez les consommateurs soucieux de durabilité.

Ces meubles nouvelle génération se présentent comme une alternative écologique, abordable et créative. Leur production repose en grande partie sur l’exploitation de ressources naturelles renouvelables et sur la transformation contrôlée des champignons dans un environnement adapté. Les possibilités semblent infinies, qu’il s’agisse de concevoir des chaises, des tables, des luminaires ou même des éléments de décoration intérieure.

Dans cet article, vous découvrirez en détail ce qu’est le mycélium, pourquoi il représente un biomatériau si intéressant pour le mobilier, comment il est transformé en objets fonctionnels et esthétiques, et comment vous pouvez l’intégrer dans votre vie quotidienne. À la lecture de ces informations, vous comprendrez mieux pourquoi les meubles en mycélium redessinent l’avenir de l’éco-design.

Qu’est-ce que le mycélium ?

Le mycélium est la partie végétative des champignons. Lorsque l’on pense à un champignon, on imagine souvent sa partie aérienne (le chapeau et le pied). En réalité, ces structures ne constituent qu’une petite portion visible d’un organisme complexe dont la plus grande partie se trouve enfouie dans le sol ou dans un substrat (bois, feuilles en décomposition, etc.). Sous la surface, un réseau de filaments microscopiques, appelés hyphes, forment ensemble le mycélium.

Cette structure en réseau se développe et décompose les matières organiques mortes, jouant ainsi un rôle fondamental dans le cycle de la vie. Les champignons participent à la régénération des sols en décomposant la matière organique et en la rendant accessible à d’autres organismes vivants. C’est précisément la robustesse et la capacité d’adaptation du mycélium qui intéressent les chercheurs et les concepteurs. Sous certaines conditions, ces filaments peuvent être cultivés, séchés et transformés en blocs solides. Mélangés à différents substrats, ils agissent comme un liant naturel, capables de créer des matériaux dont la densité, la rigidité et la forme se plient aux exigences de l’industrie du design.

Une matière organique polyvalente

La flexibilité du mycélium est l’une de ses caractéristiques les plus remarquables. Selon la façon dont on le cultive, le mycélium peut donner naissance à des produits aux propriétés variées. Par exemple, certains procédés de culture permettent d’obtenir des blocs plus rigides et plus légers que le bois, tandis que d’autres visent à créer des structures isolantes pour la construction.

Ce qui rend le mycélium unique, c’est son incroyable capacité à fusionner les matériaux. Mélangé à des déchets agricoles ou à d’autres résidus organiques, il se comporte comme une colle naturelle. Après la croissance, il suffit de le chauffer pour stopper le développement du champignon. En résulte un matériau composite, à la fois solide et stable, qui peut être découpé et façonné selon les besoins.

Pourquoi le mycélium est-il un biomatériau si intéressant ?

L’engouement pour le mycélium est né de la nécessité de trouver des solutions alternatives aux matériaux industriels coûteux et polluants. Le secteur du mobilier n’échappe pas à cette préoccupation. Fabriquer des meubles en bois, en métal ou en plastique requiert souvent beaucoup d’énergie et consomme des ressources naturelles de plus en plus rares.

À l’inverse, le mycélium présente plusieurs avantages déterminants :

  1. Ressource renouvelable
    Le mycélium se développe rapidement dans la nature. Culture après culture, il est possible de régénérer ce matériau sans puiser dans des ressources fossiles ou miner des métaux précieux.

  2. Faible impact environnemental
    Les champignons peuvent se nourrir de divers déchets organiques comme la paille, les copeaux de bois ou les résidus de l’industrie agroalimentaire. Transformer ces résidus en mobilier fonctionnel constitue un excellent moyen de valoriser des déchets qui finiraient autrement en décharge ou incinérés.

  3. Biodégradabilité
    Le mycélium, hors processus de traitement, reste un matériau entièrement naturel. Il est donc biodégradable. Les meubles en fin de vie peuvent se décomposer pour retourner à la terre, bouclant ainsi la boucle écologique.

  4. Solidité et légèreté
    Grâce à son maillage moléculaire, le mycélium peut offrir des caractéristiques de résistance tout à fait remarquables. Contrairement aux idées reçues, certains meubles en mycélium sont capables de supporter des charges comparables à celles du bois ou du métal tout en restant plus légers.

  5. Adaptabilité des formes
    Le mycélium épouse les formes des moules dans lesquels on le cultive. Cela ouvre la voie à d’innombrables possibilités de design. Les créateurs peuvent ainsi donner libre cours à leur imagination, élaborer des courbes organiques, des structures complexes ou des meubles modulaires très épurés.

Comment fabrique-t-on un meuble en mycélium ?

La fabrication d’un meuble en mycélium se divise en plusieurs étapes clés. Bien que le procédé varie selon les entreprises et les projets, les grandes lignes restent similaires.

1. Choisir et préparer le substrat

Le mycélium a besoin de nutriments pour se développer. Le substrat correspond donc à la matière première qui va nourrir ces filaments fongiques. On utilise généralement des déchets agricoles (paille, tiges de chanvre, coques de céréales) ou des résidus de bois (copeaux, sciure). L’idée est de valoriser ces sous-produits plutôt que de recourir à des matériaux neufs.
Après avoir sélectionné la matière première, celle-ci est souvent stérilisée ou pasteurisée pour éliminer les microorganismes indésirables.

2. Ensemencer le substrat

Le mycélium (sous forme de spores ou de fragments de culture) est ensuite introduit dans le substrat. Cette étape se fait dans des conditions contrôlées pour prévenir toute contamination. Le mélange est alors placé dans un environnement où température, humidité et apport en oxygène sont régulés de manière précise.

3. Croissance et colonisation

Au fil des jours, les filaments de mycélium se développent à travers le substrat, le colonisant progressivement. Cette phase de croissance varie en durée selon l’espèce de champignon choisie et les conditions de culture, mais peut aller de quelques jours à plusieurs semaines. Le résultat est un matériau homogène, où le mycélium sert de liant naturel entre les particules du substrat.

4. Mise en forme

Pour obtenir la forme désirée, le mélange mycélium-substrat est déposé dans des moules qui vont sculpter le futur meuble. Cette étape est cruciale, car le design final dépend de la façon dont on remplit et on compacte le matériau dans les moules. Les concepteurs doivent prendre en compte la rétraction potentielle du mycélium lors de la croissance.

5. Séchage et traitement thermique

Une fois la forme obtenue, on procède à un séchage afin d’arrêter la croissance du mycélium. On peut placer le bloc dans une étuve à basse température ou le chauffer davantage pour obtenir un traitement thermique qui assure la stabilité du produit. Cette étape achève la fabrication du meuble. Il peut ensuite être poncé, découpé ou recevoir des finitions naturelles si besoin.

Les multiples techniques de design

Le développement du mycélium dans le domaine du mobilier a donné lieu à toute une palette de techniques de design. Certaines entreprises se spécialisent dans le design minimaliste et épuré, d’autres préfèrent travailler sur des pièces aux courbes complexes, quasi artistiques.

Pièces modulaires

Grâce à la souplesse des formes, les créateurs peuvent imaginer des modules emboîtables ou accrochables, comme des étagères modulaires ou des poufs empilables. Le client peut alors personnaliser son mobilier selon ses besoins ou la configuration de son espace.

Renforts et matériaux hybrides

Bien que le mycélium puisse être assez solide pour de nombreux usages, il est parfois intéressant de le renforcer avec des structures internes (tiges de bambou, métal recyclé ou grillage en fibres naturelles). Les designers créent alors des matériaux composites qui prennent en compte à la fois la rigidité et la souplesse de l’ensemble. Cela permet de concevoir des tables ou des chaises capables de supporter des charges plus importantes sans alourdir le poids final.

Esthétique brute ou finitions soignées

Le mycélium brut présente souvent une teinte blanchâtre ou beige ponctuée de motifs organiques. Certains designers misent sur cet aspect naturel pour souligner l’identité écologique de leurs créations. D’autres préfèrent appliquer des finitions, qu’il s’agisse de vernis écologiques, de colorants naturels ou de tissus de recouvrement. Les possibilités de personnalisation demeurent vastes et offrent aux consommateurs une gamme de choix esthétiques.

Les entreprises pionnières dans le domaine

Bien que la recherche autour du mycélium soit encore relativement récente, plusieurs entreprises à travers le monde se sont spécialisées dans ce biomatériau. Voici quelques exemples notables, qui illustrent la diversité des approches et des offres en matière de meubles en mycélium :

  • Ecovative Design : Pionnière dans la commercialisation de produits à base de mycélium, cette société américaine ne se limite pas aux meubles. Elle propose aussi des emballages et des solutions pour l’isolation des bâtiments.

  • MycoWorks : Également basée aux États-Unis, MycoWorks est à l’origine de plusieurs innovations dans la transformation du mycélium. Ils proposent notamment un cuir fongique, mais explorent aussi la conception de meubles et d’éléments d’architecture intérieure.

  • Grown Bio : Entreprise européenne spécialisée dans le packaging à base de mycélium, Grown Bio collabore avec des designers pour développer des pièces de mobilier originales. Leur approche repose sur l’utilisation de substrats issus de l’industrie agricole locale.

Ces précurseurs expérimentent également de nouveaux paramètres de culture et de transformation, afin d’améliorer la résistance à l’humidité, la durabilité et la stabilité dimensionnelle des meubles en mycélium.

Comment intégrer le mycélium dans votre intérieur ?

Si l’idée de vous offrir un meuble en mycélium vous séduit, vous vous interrogez sans doute sur la durabilité et l’entretien de ce type de mobilier. En effet, malgré ses qualités, le mycélium reste un matériau naturel. Voici quelques conseils et pistes de réflexion :

Choisir des pièces adaptées

Certains meubles en mycélium sont plus adaptés à un usage ponctuel ou décoratif, comme de petites tables basses, des tabourets ou des lampes. D’autres, plus robustes, pourront servir de chaises, de bancs ou même de structures de rangement. Renseignez-vous sur le type de renfort et de traitement utilisé lors de la fabrication pour vous assurer que la pièce réponde à vos besoins.

Préserver le mobilier de l’humidité

Le principal ennemi du mycélium est l’humidité prolongée. Bien que le matériau puisse être traité pour mieux résister à l’eau, il est généralement conseillé de ne pas l’exposer à des conditions trop humides. Une utilisation en extérieur n’est pas recommandée sauf si le meuble a reçu un traitement spécifique garantissant son imperméabilité.

Nettoyer avec soin

Pour l’entretien courant, un chiffon doux et sec suffit la plupart du temps. Évitez les produits chimiques agressifs qui pourraient altérer la matière. En cas de tache, utilisez un chiffon légèrement humide, puis séchez immédiatement.

Anticiper la fin de vie

Un meuble en mycélium a une durée de vie comparable à celle d’un meuble en bois léger, à condition d’en prendre soin correctement. Son point fort est sa biodégradabilité. Si le meuble devient obsolète ou trop abîmé, il peut être composté ou valorisé dans un circuit de recyclage adapté. Son impact environnemental demeure bien moindre que celui d’autres matériaux non renouvelables.

L’apport de la recherche scientifique

Le potentiel du mycélium ne se limite pas au mobilier. La recherche explore en permanence de nouvelles applications, dont la construction de bâtiments et la fabrication de produits variés (emballages, textiles, isolation phonique, etc.). L’intérêt croissant pour ce matériau s’explique par :

  • La nécessité de diminuer les émissions de CO2 : En réduisant la dépendance aux matériaux industriels issus du pétrole, le mycélium offre une alternative bas carbone.
  • La volonté de favoriser l’économie circulaire : Les substrats utilisés sont souvent d’origine agricole ou issus de déchets. Le mycélium permet de donner une seconde vie à ces matières tout en produisant un matériau entièrement renouvelable.
  • Les propriétés mécaniques prometteuses : Les chercheurs cherchent à optimiser la robustesse du mycélium, sa résistance à l’eau et à la déformation, pour élargir encore son champ d’application.

Cette dynamique de recherche est soutenue par des laboratoires universitaires, des start-up spécialisées et parfois même des initiatives publiques souhaitant promouvoir l’innovation verte. Le secteur du mobilier a donc tout intérêt à s’associer à ces démarches pour poursuivre la démocratisation du mycélium.

Les défis et limites des meubles en mycélium

Il serait faux de prétendre que le mycélium résout tous les problèmes environnementaux liés à la production de mobilier. Comme tout nouveau matériau, il comporte encore des défis :

  1. Résistance à l’eau et à l’humidité : Pour une utilisation extérieure, la résistance à l’humidité demeure un point faible. Des traitements peuvent prolonger la durée de vie, mais il est encore difficile de rivaliser avec des matériaux synthétiques ou certaines essences de bois.

  2. Coûts de production : Cultiver le mycélium dans des conditions contrôlées (température, hygrométrie, absence de contaminants) peut représenter un investissement. Les coûts sont toutefois susceptibles de diminuer au fil du temps, à mesure que les techniques se perfectionnent et que la demande augmente.

  3. Incertitude réglementaire : Selon les régions du monde, la réglementation sur l’usage de matériaux dits expérimentaux peut freiner leur introduction sur le marché. Il s’agit souvent d’un vide juridique, car le mycélium ne correspond pas aux normes habituelles des matériaux de construction ou d’ameublement.

  4. Manque de notoriété : Comparé au bois ou au plastique, le mycélium reste peu connu du grand public. Les consommateurs peuvent hésiter à dépenser pour un matériau dont ils comprennent mal le potentiel et la longévité.

  5. Échelle de production : La mise à l’échelle industrielle demande des infrastructures adaptées, ce qui limite parfois la disponibilité commerciale des meubles en mycélium.

Néanmoins, au vu de ses multiples qualités et du soutien croissant qu’il suscite, le mycélium a de bonnes chances de s’imposer progressivement comme un matériau standard dans l’ameublement, au même titre que le bois, le métal ou le plastique recyclé.

L’avenir du mycélium dans l’éco-design

Les perspectives d’avenir pour le mycélium sont très positives. Alors que de plus en plus de marques souhaitent axer leurs collections sur l’éco-responsabilité, l’offre et la demande autour de ce biomatériau tendent à se renforcer mutuellement.

  • Éco-responsabilité accrue : À long terme, on peut imaginer que les fabricants recourent à des chaînes de production entières bâties autour de la culture du mycélium. De la récupération de déchets agricoles à la commercialisation de meubles, chaque étape s’inscrirait dans une logique d’économie circulaire.

  • Innovation dans les formes et les textures : Les designers aiment expérimenter. Le mycélium, par sa souplesse de culture, permet des designs organiques, difficiles à obtenir avec des matériaux traditionnels. Ce champ de création pourrait séduire tant le grand public que les institutions artistiques.

  • Association avec d’autres matériaux durables : Le bambou, la fibre de chanvre, le lin et bien d’autres matériaux naturels pourraient être combinés au mycélium pour concevoir des meubles hybrides, mariant esthétique, robustesse et respect de l’environnement.

  • Éducation et sensibilisation : À mesure que les consommateurs prendront conscience des avantages écologiques du mycélium, la confiance envers ce produit s’accentuera. Des ateliers pédagogiques (initiation à la culture de mycélium, confection de petits objets) pourraient se développer dans les écoles, les musées et les associations environnementales.

Conclusion

Les meubles en mycélium incarnent l’une des tendances les plus innovantes et prometteuses de l’éco-design. Synthèse parfaite entre nature et technologie, ce biomatériau valorise des déchets organiques tout en affichant des qualités intéressantes de solidité et de légèreté. S’il reste encore des défis à relever (notamment sur la résistance à l’eau et l’adoption à grande échelle), les avantages qu’il offre en termes d’impact environnemental et de liberté créative sont considérables.

Il est de plus en plus probable que, dans un futur proche, le mycélium connaisse une adoption massive, portée par les exigences croissantes en matière de développement durable et les volontés d’innover sans épuiser la planète. Entre la conscience écologique des consommateurs, les efforts d’une industrie du design en quête de renouveau et la dynamique de la recherche scientifique, le mycélium dispose de tous les atouts pour révolutionner le monde du mobilier. Si vous recherchez des pièces de mobilier écologiques et design, il peut être judicieux de vous tourner dès maintenant vers le mycélium, pour faire partie des pionniers de cette révolution verte.